558 - Une Azalée japonaise (Azalea japonica) hybride de Cavadini

Voila une histoire de plantes comme je les aime, pleine de ramifications.

Je suis allée en vacances en Italie sur le Lac Majeur pour visiter les jardins des îles Borromées (Isola Bella et Isola Madre). J'en parlerai peut être plus tard quand j'aurais trié les photos mais c'est une autre histoire.

Cette région des lacs possède un sol acide et on voit des centaines de rhododendrons différents, des camellias et bien sur des azalées qui sont aussi botaniquement des rhododendrons, mais plus petits.

Pour les jardiniers c'est une forme du paradis terrestre, il pleut suffisamment pour que les plantes soient bien vertes, il fait beau, la douceur italienne, et il ne fait pas très froid. Pendant toute la durée du séjour je suis passée devant pas mal de pépinières, mais j'ai été extrêmement sage, je ne me suis jamais arrêtée, non non  je n'étais pas malade pourtant.

Enfin ça c'était jusqu'au dernier jour, et là je vous vois venir, elle n'a pas pu résister... comme vous avez raison, sauf que c'est toujours pareil vous êtes passés devant 50 pépinières et quand vous décidez de vous y arrêter vous ne passez plus devant aucune.

Le dernier jour on va donc visiter un château (Rocca di Angera) qui appartient lui aussi aux Borromeo et je repère une pépinière sur le chemin. Et donc au retour on s'arrête.

Je commence à roder à l'intérieur, là ou on trouve les graines, les produits phytosanitaires, les plantes d'intérieur etc. J'étais assez curieuse de voir les graines potagères, parfois il y a des variétés de légumes qu'on ne trouve que localement. Ce n'était pas le cas ici alors je retourne dehors et là je vois le coin des azalées japonaise, et je fouille un peu. J'en repère une à fleurs blanches marginées de rose, pas tout à fait ma tasse de thé, je préfère les couleurs vives, mais en même temps je me dis que je n'en ai jamais vue de ce type.

Je la prend et je retourne à l'intérieur, je commence à essayer de discuter avec le propriétaire, mais lui ne parle ni anglais ni français et moi je ne parles pas italien. 

Néanmoins il arrive à me faire comprendre que la plante que j'ai choisie est un hybride qui a été crée par un horticulteur de la région du Lac Majeur dans les années 1965-70, et que c'est donc une variété très locale. puis il me montre un petit catalogue de cette pépinière ou il y a plein de photos de plantes crées à cette époque. Il arrive à me dire aussi que celle que j'ai choisie n'a pas de nom. Cette plante fait partie des hybrides crées par Cavadini (le nom de l'horticulteur en question) mais n'a pas été baptisée.

Le moment est très étrange, il aurait pu se contenter d'emballer ma plante de me faire payer et de me dire au revoir, et je n'aurai jamais rien su de ce que j'avais acheté. Mais il voulait absolument transmettre l'histoire de cette plante, me montrer à quel point elle était précieuse et rare. Alors je vous la montre.

Azalea japonica bianco rosa delicato hybride de Cavadini

Quand je suis rentrée je me suis mise à faire des recherches sur les hybrides d'azalées crées par Cavadini, il y plus de cinquante ans. Je n'avais pas beaucoup d'espoir, internet n'existait pas encore à l'époque. Et j'ai fini par trouver quelques articles scientifiques écrits par une botaniste italienne de l'université de Turin, qui s'est intéressée à l'activité horticole dans la région des lacs.

Elle a publié il y a presque 20 ans:

Scariot, V., Handa, T., & De Riek, J. (2007). A contribution to the classification of evergreen azalea cultivars located in the Lake Maggiore area (Italy) by means of AFLP markers. Euphytica, 158, 47-66.

J'ai traduit avec google le résumé de l'article

Les azalées à feuilles persistantes sont souvent appelées azalées japonaises car la majorité des espèces sont originaires du Japon et les hybrides les plus anciens ont été obtenus dans ce pays. Comme on le sait, les azalées sont profondément liées à l'histoire et à la culture japonaises : cependant, les informations sur l'origine, l'évolution et la technique de culture de ce groupe de plantes, basées sur des données scientifiques valables, ne sont pas aussi disponibles que celles relatives aux azalées à feuilles caduques. C'est l'une des raisons qui a conduit le groupe de Floriculture du Département d'Agronomie, Foresterie et Aménagement du Territoire de la Faculté d'Agriculture de l'Université de Turin à entreprendre une expérimentation approfondie sur les azalées à feuilles persistantes. Ce sont des plantes très typiques de la production florale qui gravite autour du Lac Majeur et qui alimente un flux commercial interne et extérieur de haute importance économique. De plus, les azalées à feuilles persistantes constituent un élément très précieux du paysage historique et contemporain, du parc et des jardins lacustres. Différents sujets ont été abordés : de la classification et de l'introduction systématiques, à l'hybridation qui a eu lieu en Occident et à l'amélioration génétique entreprise par des générations d'hybrideurs, car l'énorme potentiel de ces plantes à l'extrême variabilité et aux effets chromatiques sans précédent a été compris et étendu. Cependant, le cœur de l'étude est représenté par le recensement des azalées du Verbano où il existe une forte spécialisation de production grâce à l'important patrimoine génétique présent. Ce recensement, réalisé dans le but de connaître, sauvegarder et valoriser le matériel génétique local, a été réalisé à travers une caractérisation morpho-botanique ; il a pris en compte le phénotype en examinant les caractères ayant une signification systématique élevée.

En fait les azalées ne sont pas les seules concernées, il y a aussi des camellias, des rosiers et bien sur d'autres groupes de Rhododendrons qui ont été crées.

Dans cet article on trouve des hybrides nommés par Caradini

Jhonatan Cavadini - Ester Cavadini - Isabella Cavadini - Luigi Cavadini - Cinzia Cavadini - Eugenio Cavadini - Gioia Cavadini - Rosa pastello Cavadini - Rosa doppio Cavadini - Rosa confetto Cavadini  - Rosa salmone Cavadini - Rosa intenso Cavadini

Toujours d'après cet article les taxa italiens ont été enregistrés dans l'International Rhododendron Register of the Royal Horticultural Society. c'est un document qui fait plus de 400 pages et il semble que Gianluigi Cavadini est le propriétaire de la pépinière Cavadini (si elle existe toujours et le petit fils de  Luigi Cavadini, le fondateur de la pépinière et hybrideur.

Je ne vous ai cité que ceux qui ont Cavadini dans leur nom, mais des hybrides italiens sont beaucoup plus nombreux, pratiquement 300.

Si jamais je retourne sur les bords du lac majeur je crhercherai d'autres hybrides... mais ceci sera une autre histoire.